I - CONTEXTE ET ENJEUX STRATEGIQUES DU PROJET
75% de la population du Sénégal vit dans une bande côtière de 60 km. 67% des actifs agricoles et 72% des actifs industriels sont concentrés sur 31% du territoire national sur la façade atlantique. L’espace littoral est donc fortement convoité, souvent aux dépens de la biodiversité.
Or, avec le Delta du Saloum et de la Casamance, le Sénégal dispose d’un écosystème humide d’importance mondiale abritant une grande forêt de mangrove et une diversité d’espèces marines. Cependant, outre la forte pression des hommes sur les ressources naturelles, le changement climatique met en danger l’équilibre de ces milieux fragiles qui servent de zones de reproduction de poissons, de nidification ou d’étapes pour les oiseaux migrateurs. Pour remédier à la dégradation, l’Etat tente, depuis quelques années, d’impliquer les acteurs dans la gestion des pêcheries et des écosystèmes humides et de renforcer les capacités des services techniques du Ministère de l’environnement afin d’améliorer leur efficacité dans la gestion des aires protégées. En même temps, les populations locales se mobilisent. Ces efforts ont abouti à la création de plusieurs aires marines protégées (AMP) et de cadres de concertation pour la pêche artisanale. 
Le projet s’est inscrit dès le départ dans une démarche de conservation et d’amélioration de la biodiversité conformément aux engagements du Sénégal vis-à-vis des objectifs de Aïchi (2010) qui prévoient la conservation d’au moins 10% des zones marines et côtières d’ici 2020. La création des aires marines protégées répond à deux motivations principales : (i) celle des communautés locales de résoudre un conflit dans l’usage des ressources halieutiques, notamment du fait de la compétition avec des allochtones ; (ii) celle des autorités nationales d’atteindre le rythme de création d’AMP fixé par les engagements internationaux du Sénégal. Or une fois les règles de conservation établies et respectées et donc les conflits amoindris, les AMP doivent évoluer pour devenir des projets de préservation mais aussi de réalisation de la revendication d’exploitation des stocks de produits halieutiques supposés reconstitués. D’où l’enjeu, pour les AMP d’un suivi de la ressource réelle afin de déterminer les marges de manœuvre pour son exploitation. Une démarche de conservation n’est durable que si elle est porteuse de développement pour les communautés locales. Cette question est au cœur du projet.

II - LE PROJET

2.1 -    Objectifs
La finalité du projet est la préservation de la biodiversité marine et du capital naturel des zones côtières au Sénégal. L’objectif est alors de renforcer la capacité du gouvernement à gérer des aires marines protégées en s’appuyant sur l’expérience acquise dans des aires établies en zone de mangrove qui sont gérées par les communautés locales avec un souci d’augmentation ou maintien du capital naturel et de valorisation des services écosystémiques. 
De manière spécifique, le projet vise à: 
1-Améliorer le cadre juridique  et à renforcer les capacités des services techniques du MEDD pour un meilleur suivi des AMP et des écosystèmes de mangroves par l’acquisition de connaissances et la mise en place d’outils contribuant à l’édification d’un observatoire du littoral
2- Améliorer l’efficacité de quatre AMPC 
3- Favoriser le développement d’activités économiques dans la zone d’emprise de quatre AMPC, notamment pour les femmes et les jeunes qui permettent de réduire la pression sur la ressource halieutique.

2.2 -    Contenu du projet
Des points d’application ont été choisis en fonction de critères homogènes : écologies assez proches dans laquelle la préservation ou régénération de la mangrove est un enjeu de biodiversité ; inscription dans une démarche commune portée par les institutions ; respect d’une gouvernance communautaire (participative) ; extension géographique raisonnable. Ceci a conduit à sélectionner deux zones géographiques bien délimitées : le delta du Saloum et la basse Casamance et un type de gouvernance d’aires protégées : les Aires marines protégées communautaires. Les AMP prioritaires seront notamment celles appuyées par l’ONG Sénégalaise OCEANIUM et le projet BIOCOS financés par le FFEM (convention de 2009 portant sur 1,6 M€) et la FIBA. Il s’agit des AMP du Bamboung, mais aussi de Sangomar dans le Delta du Saloum et les AMP, de Niamone-Kalounaye et Kassa Balantacounda en Casamance.
La première composante du projet consiste à définir des modes opératoires pour renforcer la gouvernance des AMP, la seconde vise à les mettre en application sur quatre sites et la troisième vise au renforcement des institutions (à la fois organisations et modes de régulation):
Composante 1 – Amélioration du cadre de gestion des AMPC et du littoral des zones de mangrove
Composante 2 – Valorisation, par des activités durables, du capital naturel préservé ou accumulé 
Composante 3 – Gestion du projet 

2.3 -    Intervenants et mode opératoire

Le projet est sous la maîtrise d’ouvrage du ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD). 

III - FINANCEMENT DU PROJET

3.1 -    Coût et plan de financement

Plan de financement envisagé     Montant en millions d’euros    %
AFD    5    100
Co-financiers (Etat)        
Autofinancement        
Reste à financer        
Total    5    100

 

IV - PRINCIPAUX EFFETS ATTENDUS
Au niveau institutionnel, on attend (i) le renforcement de la capacité nationale à piloter la politique de création et de suivi d’AMP et de surveillance du littoral grâce à la mise en place d’outils d’évaluation de la ressource, d’analyse de la gouvernance des AMP et d’un test de faisabilité d’un observatoire du littoral ; (ii) l’amélioration des capacités de concertation entre secteurs concernés par l’exploitation des ressources halieutiques dans 4 AMP du Saloum et de Casamance. La biodiversité sera accrue par la plantation de ligneux terrestres et de mangroves sur au minimum 450 ha et par l’augmentation de 25% des espèces halieutiques présentes dans les zones mises en défens. Les revenus seront améliorés pour environ 3500 familles grâce à des activités durables porteuses (miel de mangrove, fruitiers, artisanat, tourisme). Les pratiques de valorisation des ressources halieutiques seront améliorées (huitres sur guirlandes, séchage solaire des poissons, vente en frais de coquillages) qui bénéficient aux femmes en premier lieu.